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Cap sur la Tunisie... atterrissage sur le tarmac du théâtre... Le Tarmac avec une nouvelle pièce de Lotfi Achour. Il nous avait déjà épatés dans ce même théâtre lors de la saison 2012 avec deux pièces explosives : Hobb Story qui traitait de la question des libertés individuelles et de l'amour dans les sociétés arabes, et Comédie indigène, remise en question des « bienfaits » de la colonisation!

Cette année, deux ans après la révolution tunisienne, il nous présente une réflexion sur la question du Pouvoir et de ses rouages : Macbeth: Leïla and Ben- a bloody history, écrit avec ses deux complices, les comédiens Anissa Daoud et Jawhar Basti (qui a écrit aussi la musique). Cette adaptation découle d'une proposition faite en 2010 par la Directrice du World Shakespeare Festival. L'idée avait germé juste avant la chute de Ben Ali.

Un couple démoniaque prend le pouvoir de force à Bourguiba, sous prétexte qu'il est grabataire.
C'est les mains imprégnées de sang qu'ils y parviennent. Mais bientôt ils sont esclaves de l'engrenage qu'ils ont enclenché, irréversible, « plongés dans le sang jusqu'au cou », comme l'affirme Leïla.
Telles des marionnettes ridicules, victimes de leur propre tragédie, ils s'acheminent vers leur propre autodestruction et la moribonderie de leur pouvoir fantoche.

Nous sommes en plein drame shakespearien. Mais en adaptation libre.
Ben Ali incarne Macbeth, et Leïla, sa Lady.
Un couple infernal qui traverse les temps et qui n'a pas pris une ride.
Mais contrairement au drame initial, le couple tunisien n'est pas du tout rongé par le remords!
Lotfi Achour les affuble d'un « masque » rappelant les tragédies grecques, réalisé par un maquillage excessif pour Léïla et par une coiffure gominée à outrance pour Ben Ali, les rendant encore plus repoussants. Être figés, caricatures grotesques, pourvoyeurs de vide dans un système agonisant où règne la mise à mort de toutes les libertés.

C'est Leïla qui tient les rênes, inhumaine, manipulatrice... Elle investit de plus en plus l'espace, devient plus redoutable que son mari qui répliquera : « Viens prendre ma place puisque c'est ce que tu veux ! »

Quatre marionnettes grandeur nature, représentant des clones du comédien qui joue Ben Ali, sont tenues par quatre sbires du pouvoir, des courtisans aussi gluants et serviles que pleutres et veules.
Ils pratiquent tellement bien l'art de la reptation, qu'il n'hésitent pas à se précipiter au sol lorsque Leïla  jette par terre des billets avec un cynisme et un mépris cruels. Elle leur démontre qu'ils sont bien ses larbins, entièrement soumis.

Au milieu de la scène, dans quatre petites boîtes représentant des cellules de prison, se trouvent enfermées des marionnettes : le peuple reclus dans le silence...

Tout le long de la pièce, il y a des projections d'animaux abattus, en sang (le peuple ?) et de pitbulls écumant de rage (les puissants / puits sang ?).
Sont projetées aussi des entrevues où différents intellectuels et personnalités tunisiens commentent, témoignent de cette période historique qui a marqué leur pays. Corruption, tortures des opposants, répression, emprisonnements... tout est dévoilé dans cet espace de parole, coulisses du pouvoir.

Un commentateur contemporain fait aussi quelques apparitions, retraçant toute l'histoire politique du monde arabe, s'interrogeant sur le sens de cette histoire, depuis la période préislamique, de l'Age d'Or des Arabes jusqu'à nos jours, où « le système est tout aussi pourri »...

Les intermèdes musicaux sont magnifiques, les comédiens chantent avec beaucoup de virtuosité.
Nous sommes bercés par moments par la guitare électrique de Hamza Zeramdini.
Les répliques et les paroles des chansons n'ont rien perdu des accents shakespeariens... imprégnés de lyrisme et de poésie.
« Les oiseaux lumineux volent pour qui ? »
« La vie commence par le vide »
« Nous piétinons dans l'attente d'un lendemain »...

La lumière est faible, les scènes sont plutôt sombres, où dominent des nuances de gris et de noir.
Quid de notre despote « éclairé » ?
Le Macbeth de Lotfi Achour est bien une dénonciation du non respect de la démocratie, de l'abus de pouvoir et de toutes les formes de dictatures et de répression... nous plongeant dans l'obscurité et l'obscurantisme...

Dernière apparition -vision prophétique ?- qui clôt la pièce et qui nous glace le sang : celle d'un salafiste qui investit l'avant-scène en silence. Un nouveau despotisme se profile à l'horizon ?...

Spectacle théâtral et musical d'après Macbeth  de Shakespeare
mise en scène Lotfi Achour
adaptation Lotfi Achour, Anissa Daoud, Jawhar Basti
direction musicale et chansons Jawhar Basti

avec Moncef Ajengui, Jawhar Basti, Anissa Daoud, Noomen Hamda, Riadh Larousse,
Mariem Sayeh, Walid Soltan

guitare électrique Hamza Zeramdini
marionnettiste Zied Hadhri
scénographie Jean-Noël Duru
lumière Manuel Bernard
recherches dramaturgiques et interviews Anissa Daoud
création vidéo Hazem Berrabah
création mannequins Etienne Bideau-Rey
costumes Slym Achour
maquillage Hind Boujemaa
montage vidéo Skander Ben Alima
son Aymen Laabidi

 

production Artistes Producteurs Associés
coproduction World Shakespeare Festival, Le TARMAC - La scène internationale francophone, London International Festival of Theatre, Northern Stage (Newcastle), Groupe Vermeeg, Fondation Lazaar
avec le soutien du British Council, la Ville de Tunis et le Ministère de la Culture - Tunisie
Un spectacle commandé par la Royal Shakespeare Company et le World Shakespeare Festival pour Les Olympiades de la Culture des JO de Londres 2012
Les APA sont soutenus par l’ATB, Arab Tunisian Bank pour leurs tournées nationales et internationales.
avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication (Délégation générale de la création artistique)
avec l’aide à la diffusion d’Arcadi Île-de-France

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