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MARRONNAGE, ACTE DE RESISTANCE ET REFUS DE L’ESCLAVAGE

Par Dominique Alexiou.

M fd Blancarronnage est un mot qui fait référence aux « nègres marrons », au temps de la traite du peuple africain qui se pratiquait du XVème siècle au XIXème siècle par les Européens sur le continent américain. C’étaient les premiers esclaves noirs révolutionnaires qui réussissaient à fuir les plantations et leur maître dans le plus grand péril. Ils allaient se cacher dans les montagnes, là où personne ne pouvait s’aventurer, même pas les « Blancs ». Traqués comme des bêtes, ils étaient poursuivis par des chiens. Lorsqu’ils se faisaient attraper, ils se faisaient fouetter ou couper soit une oreille, soit le « jarret » (sic dans le code noir édicté par Colbert en 1685 institutionnalisant l’esclavage). Ceux qui réussissaient à préserver leur liberté étaient très organisés et vivaient cachés pendant des années.

« Cette dénomination est liée à la colonisation espagnole dans les Caraïbes à partir du XVIe siècle. Elle viendrait du mot espagnol cimarron désignant les esclaves en fuite dans les montagnes. Il est également possible que les Karib (les Amérindiens habitant les îles de l’arc caraïbe) aient utilisé ce mot pour évoquer les bêtes retournées à l’état sauvage. »1

L’esclavage des Noirs, pratiqué entre le XVe et le XIXe siècle, s’est traduit par la déportation de millions d’Africains vers les Amériques (combien ? 12 ? 15 millions ?) qui vont servir de main d’oeuvre gratuite et enrichir de nombreuses nations comme la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, d’après Christiane Taubira.2

 

Décret abolition

 

Et après l’abolition de l’esclavage ?

La femme et l’homme noirs ont-ils recouvré leur humanité ?

L’oppression de ce peuple et pas seulement  de celui-ci, a pris une autre forme : le colonialisme.

Y a-t-il des séquelles, aujourd’hui ?

Dans l’introduction de son ouvrage Peau noire masques blancs publié en 1952, Frantz Fanon met en exergue une phrase d’Aimé Césaire, son professeur de philosophie, tirée du Discours sur le colonialisme : 

« Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. »

Frantz Fanon poursuit dans son introduction :

« Dussé-je encourir le ressentiment de mes frères de couleur, je dirai que le Noir n’est pas un homme. Il y a une zone de NON-ETRE, une région extraordinairement stérile et aride, une rampe essentiellement dépouillée, d’où un authentique surgissement peut prendre naissance. »

Il est tant de se relever. Des hommes ont cherché à maintenir à quatre pattes des millions d’êtres humains, il est maintenant temps qu’ils redeviennent des hommes.

Il est maintenant temps de les découvrir.

Il est maintenant temps de les connaître.

« Vous avez vu comment d’un homme on fit un esclave; vous verrez comment un esclave devint un homme. »,

écrit Frederick Douglass dans son autobiographie où il nous montre comment il a fui l’esclavage à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis.

« La résistance à l’oppression est un droit naturel »,

a proclamé Louis Delgrès en 1802. Celui qui a fait sauter un fort de Guadeloupe dans lequel il était assiégé avec sa troupe, lance « Vivre libres ou mourir! » avant de se tuer dans l’explosion.

Et la résistance a l’oppression est toujours d’actualité aujourd’hui.

Marronnages, refus de toutes formes d’esclavages.

A prendre aussi au sens large, ici, dans notre Blog : acte de refus de toute forme d’oppression, physique ou mentale. Car il existe aussi l’esclavage mental, le « mental slavery » chanté par Bob Marley.

Il existe des esclavagistes modernes, plus pernicieux, ceux-là : l’Oubli, pire encore l’Ignorance.

Voici le décret d’abolition annoncé en 1796, sous la Convention, juste après la Révolution Française, aux populations rassemblées : « Nous devons oublier le passé. Il n’y a plus dans les colonies que des hommes libres et des frères. »

Mais Napoléon Bonaparte s’est empressé de rétablir l’esclavage en 1802 dans les colonies françaises!

Comment oublier le Passé ? Comment accepter le « silence bétonné » ? Sont-ce les livres scolaires qui nous éclairent à présent complètement sur ce passé ? Est-ce suffisant ?

« Ne faut-il pas connaître toute son histoire pour comprendre son identité ? »3,

s’interroge aujourd’hui l’ancien footballeur Lilian Thuram.

« Un homme sans la connaissance de son passé est comme un arbre sans racines»,

a dit Marcus Garvey au tout début du XXe siècle.

 

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Racines…

Racines africaines.

Les esclaves Noirs viennent tous d’Afrique.

L’Afrique a saigné pendant quatre siècles et a gracieusement offert aux esclavagistes de quoi enrichir des Nations entières.

Merci Afrique.

Merci pour ta contribution. Hémorragie de la colonisation.

Hémorragie qui se poursuit encore aujourd’hui.

MAIS IL EST TEMPS AUJOURD HUI DE RENDRE A CESAR CE QUI APPARTIENT A CESAR.

Pourquoi oublier, dénier ou ignorer ce que l’Afrique a apporté au Monde ?

Elle a apporté, apporte et apportera toujours.

Merci, Afrique.

Tu es la TERRE-MERE, le berceau de l’Humanité, l’Origine du Monde.

Lucie en est ton flambeau qui nous éclaire encore aujourd’hui. Lucy in the sky of diamonds

Tu n’as pas été seulement, tu n’es pas seulement une POMPE A FRIC.

Tes diamants sont disséminés partout dans le monde et il suffit de les chercher, de les rassembler et d’enrichir notre trésorerie intérieure, qui que nous sommes, Noirs, Bleus, Blancs, Rouges, Jaunes, Gris, Verts,… mais surtout, soyons tous MARRONS !!!

Tes descendants, ton peuple qui a souffert, a résisté à sa manière et a apporté au monde une multitude de merveilles, et pas seulement dans le monde du divertissement, du sport et de la musique même si l’héritage y est beau, riche, énorme..

On n’en parle pas assez, tes descendants ont été muselés, il est temps, de les laisser parler!

Vous trouverez ici des auteurs non seulement Africains, mais aussi de toute la Diaspora Africaine : Africains-Américains, Africains-Caribéens, Africains-Européens… et pas seulement. Il y aura aussi des auteurs Européens ou d’autres d’origines diverses. Car nous sommes tous Citoyens du Monde, et nous subissons la même oppression à des degrés divers. Alors ne nous enfermons pas trop dans des appellations cloisonnantes… et dans des histoires de couleurs de peau, même si la noire a été marquée au fer rouge pendant quatre siècles… et plus!

Seulement, voilà, il ne faut pas oublier quelques pages du passé et rétablir une certaine Vérité… pour avancer et pousser les cloisons. Négritude, Antillanité, Africanité, Créolité… découvrons-les, comprenons-les, imprégnons-nous en, dépassons-les peut-être sans les rejeter bien sûr! Allons vers une vraie connaissance de l’Autre.

« Je veux vraiment amener mon frère, Noir ou Blanc, à secouer le plus énergiquement la lamentable livrée édifiée par des siècles d’incompréhension. » 4

Ouvrons-nous au monde, dépassons les clichés pour parvenir à une meilleure compréhension des peuples.

En plus de l’image du Noir véhiculée dans la société occidentale, nous découvrirons aussi des problématiques touchant d’autres populations opprimées de notre planète.

« Il faut que nous apprenions que chaque peuple a une civilisation, une culture, une histoire. Il faut lutter contre un droit qui instaure la sauvagerie, la guerre, l’oppression du plus faible par le plus fort »

a écrit Aimé Césaire dans Nègre je suis, Nègre je resterai.

Le larbinisme….

Nous sommes aujourd’hui les larbins de cette société moderne, quelque soit notre origine : Europe, Amériques, Afrique, Océanie, Asie. Cette société nous réduisant à un esclavage certain, invisible, impalpable, mais omniprésent. Il aveugle nos jeunes, assoiffés de portables, d’Ipod, d’ordinateurs, de télévision…

Le Consumérisme est l’esclavage le plus sûr aujourd’hui. Personne n’y échappe. Nous sommes les larbins d’un système qui veut nous réduire à l’état de brute. Pour ne pas savoir PENSER, et seulement DEPENSER. Une société où l’AVOIR est plus important que l’ETRE.

La seule alternative pour les jeunes, la seule perspective d’avenir, c’est d’acquérir suffisamment d’argent, le plus vite possible, pour se payer tout ce que la société de consommation leur propose.

Le système veut en faire des consommateurs de tous bords, même dans leurs relations humaines et amoureuses… Aujourd’hui, tout est faussé, car on peut même « acheter » ses rencontres via internet, en posant les bons critères, et marchander ses sentiments… c’est tellement plus facile, plus rapide, la sélection, efficace. Et si cela ne nous plaît plus, ON JETTE. A l’ère du tout jetable, on arrive au sentiment jetable. Société du plaisir physique… plaisir illusoire, plaisir mensonger.

Une question nous vient à l’esprit à la suite de ce triste constat : sommes-nous encore des hommes ? Sommes-nous encore des êtres pensants ? Nous pourrons ajouter encore ici, et interpréter dans un sens plus large les propos de Frantz Fanon : qu’ « il y a une zone de non-être, une région extraordinairement stérile et aride, une rampe essentiellement dépouillée, d’où un authentique surgissement peut prendre naissance »5

On peut donc trouver autre chose sur internet, des ZONES D’ETRE, des espaces de réflexions, de débats, des sites de rencontres authentiques…. des rencontres avec des auteurs, avec des livres, nos amis si fidèles….

 Des espaces qui nous rendent plus féconds, où un authentique SURGISSEMENT peut prendre naissance… une véritable conscience de Soi, un véritable échange avec l’Autre..

« Vers un nouvel humanisme…

La compréhension des hommes…

Nos frères de couleur…

Je crois en toi, Homme…

Le préjugé de race…

COMPRENDRE ET AIMER… »

Frantz Fanon

 

marronner…

Et la culture, dans tout ça ?

Plaisir trop abstrait, perte de temps, efforts inutiles….

diront certains,

Culture, mot bien vaste, terra incognita….

O Vieux capitaine, il est temps, levons l’ancre, partons, partons,

rompons nos chaînes mentales, revenons à nos racines, ouvrons nos esprits

afin de voyager

Au fond de l’inconnu pour trouver du Nouveau!

Ne pas partir cette fois-ci à fond de câle,

Partir à la découverte de l ‘Autre,

l’autre qui écrit, l’autre

qui a quelque chose d’essentiel à partager, l’autre

qui résiste,

ce rebelle,

ce nègre-marron!!!

Car aujourd’hui, et pas seulement

à l’époque de Frederick Douglass

la plume est l’arme la plus efficace,

Car aujourd’hui

lire,

c’est marronner.

S’instruire,

c’est marronner.

Penser,

c’est marronner!

 

 

Et …

à Lautréamont de conclure:

« Toute l’eau de la mer ne suffira pas à effacer cette tache de sang intellectuelle »

 

 

Aimé Césaire

 » Se rappeler que le combat, le séculaire

combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité,

n’est jamais entièrement gagné et que c’est tous

les jours qu’il vaut la peine d’être livré. »

                                                                   Aimé Césaire.

 

 

 

 

1Esclavage et traites négrières, Gilles Gauvin, éd. Pemf

2 L’esclavage expliqué à ma fille, éd. Bibliophane Daniel Radford

3 Mes étoiles noires, éd. Philippe Rey

4 Peau noire, masques blancs, Frantz Fanon, éd. Points

5 Peau noire, masques blancs